« Au-delà, une crête mélancolique regardait le pays
d’Ampourdan.
Comme il avait vécu son enfance dans ce vallon, il n’y faisait pas
un pas, sans y lever quelque lointain souvenir. Cet arbre même au pied duquel
nous nous trouvions, était celui où il avait grimpé, croyant saisir un grand
oiseau blanc, qui venait de s’y poser. Une aigrette, sans doute. Elle
s’envolait au moment même où il allait l’atteindre et il dégringolait avec une
écale ou une épine dans la main. Quant à la pointe de la montagne qu’il comparait
tout simplement au Parnasse, on l’appelait le Quer Roig dans le pays.
Un soir de vendange, comme on l’avait chargé du soin des comportes
et qu’il se trouvait inoccupé dans l’attente du muletier, et de son convoi, il
s’était proposé de le gravir.
- J’y serais bien parvenu, parce que j’étais
nerveux et rompu à la fatigue, mais, en levant la tête, j’ai vu soudain
au-dessus de moi un nuage noir et violet, tout sillonné d’éclairs. Cela m’a
effrayé. J’étais impressionnable, n’est-ce pas ? Et, sans attendre
l’orage, je suis descendu au pas de course, juste à temps pour le retour des
mules.
Maillol se faisait une joie de détailler les moindres merveilles de
La Roume. »
Joseph-Sébastien PONS, L’oiseau tranquille,
Edition Chiendent, 1987, IX, p. 266-267.
« Més enllà, una carena melangiosa contemplava les terres de
l’Empordà.
Com que Maillol havia passat la seva infantesa en aquella vall, no
hi podia fer un pas sense suscitar-ne algun record llunyà. Aquell arbre, al peu
del qual ens trobàvem, era el mateix al qual s’habia enfilat amb l’afany
d’agafar un gran ocell blanc que acabava de parar-s’hi. Un martinet blanc, ben
segur. L’ocell arrencà el vol en el mateix moment que anava a abastar-lo, i el
petit Maillol va caure, amb una closca o una punxa a la mà. Quant al cim de la
muntanya que ell comparava no menys que al Parnàs, a la comarca en deien el Quer Roig. Una tarda de verema, l’havien
encarregat de vigilar les portadores, i trobant-se desvagat, a l’espera del
mulater i el seu comboi, i trobant-se desvagat, a l’espera del mulater i el seu
comboi, s’havia proposat d’escalar el pic.
- I me n’hauria sortit, perquè era ple de nervi i no em feia por el
cansament, però, en aixecar el cap, vaig veure de sobte damunt meu un nuvolàs
negre i violeta tot solcat de llampecs. Em vaig espantar. Jo era
impressionable, sabeu ? I sense esperar la tempura vaig baixar a pas de
cursa, just a temps per al retorn de les mules.-
Maillol era feliç explicant-me per peces menudes les més petites
meravelles de la Roma. »
Josep Sebastià PONS,
L’ocell tranquill,
Narració autobiogràfica,versió catalana de Ramon FOCH I CAMARASA, Editorial
Barcino, 1977, IX, p.181.
QUERROIG i
QUERMANÇÖ
AGERMANAMENT
Em plau, avui, de
cantar-te
oh! Querroig del
Pirineu!.
Molts mil.lenis ,van alçar-te
fins als núvols,
l’alta sèu.
Els plegaments de
la Terra
ens han fet roques
gegants.
Vilajuiga no s’erra,
Quan ens proclama
germans !
Ai, Querroig...
ara ja toca
d’alçar nous murs,
al bell cim;
de dignificar la
roca,
coronada pel
boirim
de mil.lenis plens
d’història !
D’Empúries i
Rosselló,
el Comtat ens donà
glòria,
noblesa, vida i ressó.
No ens allunyen
les fronteres
ni els imperis, o
un estat.
De Nord a Sud, les
Alberes,
són camins de
llibertat,
que el pròsper
Rosselló uneixen
amb l’Empordà, Alt i bell.
Els humans els
ressegueixen
mentre , amunt,
canta un ocell.
Del teu cim, la
noble alçada,
lligams fila per
demà.
I en la comuna
filada,
Quermançó et dona
la mà !.
XAVIER HEREU
QUERROIG et QUERMANÇO
JUMELAGE
Il me plaît ,
aujourd’’hui, de te chanter
Oh! Querroig des
Pyrénées!
Quelques
millénaires, t’ont élevé
A la hauteur des
nuages, où tu sièges.
Les tremblements
de la Terre
Ont créé pour nous
des rochers géants.
Vilajuïga ne se
trompe pas,
Quand elle nous
proclame frères !
Ah, Querroig...
maintenant il est temps
De redresser à
nouveau tes murs,
Sur ton
majestueux sommet,
de redonner
dignité au rocher,
couronné de
brouillard
millénaires pleins
d’histoire !
D’Ampurias et du
Roussillon,
le Comté nous rend
sa gloire,
avec noblesse, vie
et écho.
Ils nous éloignent
des frontières
des empires, ou
d’un Etat.
Du Nord au Sud,
les Albères,
Sont des chemins
de liberté,
qui unissent le
proche Roussillon
avec l’Ampourdan,
si haut et beau.
Les humains les
poursuivent
Tandis que,
là-haut, chante un oiseau.
De la noble
hauteur de ta fière cime
Des liens se
tissent pour demain.
Et dans la même
foulée,
Quermanço te donne
la main!
XAVIER HEREU
(Traduction libre
de STEPHANE DROUET)
QUER ROIG
Sous ses pieds
tranquilles
Dorment paisibles
Les trophées de
Pompée
Des pierres
antiques ensevelies
S’élèvent
La tour de garde
Et la chapelle
romane
Ouvertes à tous
les horizons
Là se dresse
L’Esprit Catalan
Lumineux et
opiniâtre
Sous le sommeil
des ruines sacrées
Pousse l’odorante
garrigue
Où la chèvre d’or
de la légende
Garde le secret de
la source cachée.
Francis COSTE
Banyuls-sur-Mer,
le 8 mai 2011
QUER ROIG
Sota els seus peus
assossegats
Dormen serès
Els trofeus de
Pompeu
Des de les pedres
antigues amortallades
S’aixequen
La talaia
I la capella
romana
Obertes a tots els
horitzons
Allí s’alça
L’Esperit Català
Lluminós i
obstinat
Sota el somni de
les runes sagrades
Creix l’olorosa
garriga
On la cabra d’or
de la llegenda
Guarda el secret
de la font amagada.
Francesc COSTE
Banyuls-sur-Mer,
el 8 de maig de 2011
(Traducció lliure
de Francesc SUREDA)
QUER ROIG
Bajo sus pies
tranquilos
Duermen serenos
Los trofeos de
Pompeo
Desde les piedras
antiguas amortajadas Se elevan
La torre de
guardia
Y la capilla
romana
Abiertas en todos
los horizontes
Allí se levanta
El Espiritu
Catalán
Luminoso y
obstinado
Bajo el sueño de
les ruinas sagradas
Crece el carrascal
oloroso
Donde la cabra de
oro de la leyenda
Guarda el secreto
de la fuente escondida.
Francisco COSTE
Banyuls-sur-Mer,
el 8 de mayo de 2011
(Traducción libre
de Stéphane DROUET)
QUERROIG
Poème de Francis BLANCHON
1.Dans la vallée
des cerfs seul le vent m’accompagne
Et son souffle
puissant fait frémir les halliers
Modulant ses
stridences à travers la montagne
Entre roches
pointues et chênes clairsemés.
2. Le sentier
tortueux que l’on devine à peine
me hisse lentement
vers le lointain sommet.
Au détour d’un
buisson, un antique dolmen
Sert parfois de
refuge à quelque sanglier.
3.Qui donc a bâti
là cette longue muraille
Qui enserra jadis
ce glorieux château ?
Il ne reste à
présent perdu dans la rocaille
Que des pierres
éparses tell’s de vieux oripeaux.
4.Les ravages du
temps les méfaits de l’histoire
Ont eu raison de
toi, ô donjon valeureux,
Qui veilla
longuement, dessus ce promontoire
Protégeant nuit et
jour le pays par tes feux.
5. Tes ruines
solitaires gardent encore en mémoire
Les échos de
l’histoire que tous ont oubliée,
Et le vent des
montagnes a pour seul auditoire
Quatre chèvres
sauvages et un lièvre apeuré.
6. On croit
entendre alors les soirs de lune pleine
Quand la tramontane
rugit parmi les monts
La plainte des
gisants criant toute leur peine
Lorsque s’essouffle
un cor auquel nul ne répond.
7. Et Querroig se
souvient, dressé sur la montagne
Qui a vu défiler
les légions d’Hannibal
De tous ces exilés
qui fuyaient une Espagne
Où canons et fusils
semaient les fleurs du mal.
8. Quermanço,
Querroig, Taillefer, la Massane
Saint-Elme, La
Gallina, Béar et Dugommier,
Et toi Tour
Madeloc, en Terres Catalanes,
Vous défiez le
temps et nous faites rêver.
Quermanço
- J’étais jadis un fier château
Qui se dressait sur
la colline.
Sur mes murailles,
à mes créneaux,
Veillaient
cinquante couleuvrines.
Si mon donjon et
mes courtines,
Durant des siècles
ont résisté,
Au poids des ans,
aux vents mauvais,
Ainsi qu’aux hordes
assassines
Des spadassins
d’autres contrées,
A présent ils ne
sont plus là,
Comme balayés par
la foudre,
En un éclair et
sans combat,
Sans avoir eu à en
découdre,
Sont passés de murs
à gravats,
Quand la Comtesse
Teresa
Une nuit, mit le
feu aux poudres.
J’arbore
aujourd’hui les lambeaux
De ma puissance
ancestrale,
Et les bourrasques
et les rafales
Transpercent mes
vieux oripeaux.
Les soirs d’hiver,
lorsqu’à la brune,
Les aquilons venus
du nord,
Sous le regard
froid de la lune,
Viennent assaillir
mes contreforts,
S’élève alors la
mélodie,
La plainte triste
des accords,
Que pleure l’orgue
de Dali,
Dernier hommage à
Salvador.
- Perché là-haut sur ma colline
J’étais jadis un
fier château.
Je ne suis
maintenant que ruines
Que seuls survolent
les corbeaux.
Et voilà que sur
mes murailles,
Rodent en errance
les esprits
De ceux qui hantent
ces rocailles,
Parmi les cistes et
les orties.
Et ressurgissent de
l’oubli,
Tous les brigands,
tous les bandits,
Qui écumèrent l’Ampurdan,
Et mirent à sac
tout le pays.
Rythmée par les
sanglots du vent,
Commence alors la
grande orgie,
Quand la comtesse
et ses rufians,
Festoient jusqu’au
bout de la nuit.
Et jusqu’au fond de
mes entrailles,
Au plus profond d’mes
souterrains,
Résonnent les cris
de ripaille,
Qui réveillent le Sarrasin
Et les princesses
du sérail.
Alors la cohorte
des maures
Aussitôt se met en
chemin,
Reprend sa quête
vers le port,
Afin d’échapper à
l’étreinte
Enchevêtrée des
corridors,
Où dans ce sombre
labyrinthe
Dort toujours la Chèvre
d’or.
- Perché là-haut sur la colline
J’étais jadis un
fier château.
Je ne suis
maintenant que ruines
Où viennent nicher
les oiseaux.
Puis quand les
perles de rosée
S’en viennent
recouvrir la lande,
Tous ces fantômes,
ces feux follets
Abandonnent la
sarabande.
Dans le jour qui
bientôt s’allume,
Aux troncs noueux
des oliviers,
Accrochent leurs
haillons de brume,
Et se rendorment
rassasiés.
Alors sur les
sillons qui fument,
Le vent s’arrête de
souffler,
Les champs
retrouvent leur quiétude,
Les oiseaux se
mettent à chanter.
Perché là-haut sur
ma colline,
Pour toujours je
suis Quermanço.
J’avais donjon,
j’avais courtines,
J’étais jadis un
fier château.
Francis BLANCHON
Octobre 2008
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